Si tant de lieux se revendiquant tiers-lieux n’en sont pas, que sont-ils ?
Le 16 novembre 2019, Michel Simonot, sociologue français, publie l’article « Tiers-lieux ou l’art de la faire à l’envers »1) où il met en avant l’institutionnalisation et la récupération par les pouvoirs publics des tiers-lieux, amenant une logique d’entreprise à s’appliquer dans des lieux portés par l’initiative citoyenne, la collaboration.
En 2018, Arnault Morrisson, docteur en géographie économique, publie « A Typology of Places in the Knowledge Economy : Towards the Fourth Place ».2)
Il a analysé les mêmes lieux que Simonot, ceux de Paris dans le cadre de l’appel à projet « Réinventer Paris » et en a conclus que le mélange des lieux amenait à devoir revoir le vocabulaire utilisé afin de ne plus amalgamer tiers-lieu avec des lieux qui n’en étaient pas.
Morisson voit ces nouveaux lieux comme une bonne chose et une évolution, c'est-à-dire un modèle à suivre et encourager.
Nous sommes d’accord avec Morisson concernant la nécessité de trouver de nouveaux noms aux nouvelles configurations, mais non avec sa vision de ce que pourrait être the « Fourth Place », un lieu mélangeant de manière positive directement les trois lieux principaux car cela va à l’encontre de la mission originelle du tiers-lieu qui est d’avoir un « échappatoire ».
The Fourth Place pourrait être traduit comme le « quatrième lieu », mais nous avons une préférence pour « quart-lieu ».
Nous comprenons Simonot car il pose la problématique que chaque nouveau lieu hybride n’est pas la somme de toute les caractéristiques des lieux le composant, mais une différence éliminant systématiquement la dimension humaine de chacun des lieux, au profit de la productivité, finissant par créé un quart-lieu « blanc », aseptisé, devenu parfaitement conforme aux attentes des pouvoirs publics : le travailleur fera tout dans un seul lieu et la manière dont cela lui sera présenté fera qu’il sera content de sa situation.